Troubles de
la conduite alimentaire : quelle place pour un travail de parole ?
Les troubles de la conduite alimentaire : anorexie,
boulimie se caractérisent par des
croyances, des attitudes et des comportements à l’égard de la nourriture et du
poids. Ce sont des troubles extrêmement complexes, qui mettent en jeu le corps
dans ses 3 dimensions :
-
Le corps physique et autour de lui ce dont il a
besoin pour vivre, les aliments
-
Le corps symbolique, qui exprime ainsi des difficultés
personnelles, relationnelles, à être
-
Le corps imaginaire, pris dans les images
véhiculées par les médias ou minceur veut dire beauté et bonheur
Malgré l’apparente similarité des symptômes anorexiques ou
boulimiques, chaque personne est singulière et exprime à travers ces comportements
liés à l’alimentation des problématiques très différentes. Les troubles
alimentaires sont souvent au carrefour de l’enfance et de l’âge adulte, comme l’illustre
leur survenue fréquente à l’adolescence. Ils sont au carrefour du somatique et
du psychique, puisque le réel du corps est en jeu et les conséquences physiques
en sont potentiellement très graves, enfin au
carrefour de l’individuel et du social et entre les deux le groupe
familial dont l’importance est maintenant admise.
Les troubles alimentaires surviennent généralement à l’adolescence
, une période où la personne cherche à
savoir qui elle est réellement, à se différencier de ses parents, et à prendre
sa place auprès de ses pairs. Pour bon nombre de personnes, ces troubles sont
passagers, et disparaissent avec l’installation dans une vie adulte. Pour certains,
et souvent certaines, puisque les troubles de l’alimentation touchent majoritairement
les femmes, ces troubles s’installent, et durent.
Que faire ?
Selon la gravité des comportements alimentaires et leurs
conséquences, il faudra soit privilégier l’approche comportementale, s’occuper
avant tout du réel du corps, en donnant des limites comme le « contrat de
poids », au sein d’institutions spécialisées, soit utiliser l’approche
analytique, celle qui propose de verbaliser les difficultés psychologiques pour
les réaménager et leur trouver un autre forme d’expression, moins dangereuse
pour la personne. Il s’agit alors d’un travail de parole, sous quelque forme
que ce soit : thérapie analytique en face à face, ou psychanalyse. L’hypnose
, elle aussi peut donner des résultats positifs, soit en aidant la personne à
combattre les « crises » de boulimie par l’autohypnose, soit en
aidant la personne à accepter une forme de « lâcher prise », et
lutter ainsi contre l’obsession de tout contrôler.
Aline Esquerre
16 mars 2014
No comments:
Post a Comment